E.I.M.O

ENVIRONEMENT INTERACTIF MINIMALISTE ET ORGANIQUE

Une forme géométrique tridimensionnelle simple est posée dans le lieu. Je pense à La Savane, au Malécon de Fort-de-France, ou au petit débarcadère des Trois Îlets qui est octogonal, me semble-t-il.
Donc un volume minimaliste et monochrome (environ 9 mètres de longueur sur 6 de large et 3 de hauteur) évoquant le fameux monolithe dans 2001 l’odyssée de l’espace de Stanley Kubrick ou la kaa’ ba (le monument sacre de la Mecque).
La lumière du jour souligne les contrastes entre les façades. Certaines sont presque lumineuses tant elles réfléchissent les dards crus du soleil. D’autres projettent leurs ombres au sol, accrochant l’œuvre au lieu.
Lorsque l’on en fait le tour, l’on découvre deux entrées (ou sorties ?) : l’une de forme circulaire, l’autre elliptique (mise à la verticale). Les deux orifices sont en creux comme les œuvres d’Anish Kapoor nommées Holes.

Ils attisent notre curiosité et nous invitent à une pénétration dans le corps de l’œuvre.
Nous sommes à la frontière et si nous décidons d’emprunter le passage nous sommes enveloppés par un long tube qui par moment nous obligera, pour avancer, à changer de position. Ainsi de la station verticale nous passerons à l’horizontale, soulignant par la, la perception de nos espaces vitaux.
Nous devons nous accroupir comme le spéléologue crapahutant dans les tunnels terreux sombre et humide. Ici s’arrête la comparaison, car les sensations éprouvées dans ces boyaux lumineux translucides et secs sont différentes (du moins je l’espère !).
Dès le début nous changeons de statut, sans trop nous en rendre compte, nous devenons des acteurs. Car au sol, dans les parois, au plafond, sont dissimulées des zones tactiles, sensibles, provoquant des événements lumineux ou sonores. La nature de ces événements est à préciser, mais ce qui est sur c’est que les ambiances colorées et auditives vont évoluer en fonctions de nos localisations et de notre nombre dans l’environnement interactif.

Lors de notre déambulation nous aboutissons a des zones plus ouvertes ou l’on peut s’étirer, faire une pose et découvrir, grâce a des œilletons permettant de voir a 180°, la structure qui soutient et organise l’édifice.
C’est un jeu de lignes, de plans, de volumes serpentant dans l’espace et nervurant les parois. Nous pouvons également voir le châssis et les différents « organes » du dispositif que nous avons plus ou moins deviner lors de notre première rencontre avec l’installation-architecture.
Ces lieux « de transit » sont aussi l’occasion de rencontrer d’autres acteurs dont la présence était déjà signalée par des bruits ou des lumières.
Échanger, partager ses émotions, jouer pourrait être le fruit de ces humaines rencontres. On peut d’ores et déjà penser que le jeune public saura tiré partit des ressources ludiques et artistiques de cet environnement.

Eh bien, viens le moment où il faut quitter ce lieu chaleureux, presque maternel, pour retrouver le quotidien, ou bien choisir de retourner, dans le ventre chaud de l’œuvre, immédiatement ou bien la nuit.
Lorsqu’elle est auto éclairée, nous distinguons, de façons plus évidentes, en ombres chinoises, la circulation des corps, la disposition des boyaux, les variations colorées et sonores.
Nous percevons, de l’extérieur, comme une métaphore d’un corps monumental et déconstruit, une radiographie d’une œuvre évoquant un organisme vivant.

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depuis 2014